Introduction à la porcelaine chinoise
Bien avant que l’Europe ne maîtrise la porcelaine, la Chine produisait déjà des pièces d’une grande finesse, regroupées sous le terme taoci, qui recouvre à la fois « poterie » et « porcelaine ». On parle de poterie quand la pâte n’est pas fortement frittée ; la porcelaine, elle, est cuite à plus haute température et présente une matrice dense. La classification des taoci s’appuie sur des critères académiques, des méthodes d’identification traditionnelles ainsi que des avancées technologiques. Voici quelques repères par grandes périodes utiles aux amateurs.
Dynastie Tang (618–907)
Au début, céladons et porcelaines blanches sont non émaillés et globulaires, à fond plat. Peu à peu apparaissent des pièces sur pied et des cuissons après glaçure. Formes typiques : vases zoomorphes, bols à bords multiples, lèvres lobées, sancai (tri‑couleurs) et pièces torsadées. Décors fréquents : appliques (dragon, phénix), rinceaux incisés, motifs géométriques, pointillés, hachures. Les fours de Yue produisent les meilleurs céladons, avec glaçure régulière et peu de bulles. Des traces de pernettes (spur marks) se voient souvent, dedans comme dehors. Pâtes translucides à opaques, du jaune au vert‑jaune, gris ou gris clair.
Song du Nord & du Sud (960–1127, 1127–1279)
Le céladon de Longquan domine, notamment celui du four de Jincun (Zhejiang). La pâte peut être blanche (la plus courante) ou noire. Les pièces à pâte blanche présentent souvent des arêtes « rouge silex ». Une glaçure à chaux, sombre et translucide, est caractéristique des Song du Nord ; la base à la chaux se rencontre surtout sous les Song du Sud.
Dynastie Yuan (1271–1368)
Longquan poursuit son essor et produit davantage de grands formats. Décors incisés fréquents : dragon‑nuage, litchi, pivoines, pétales de chrysanthème, feuilles de lotus ; appliques moulées, bordures décoratives, motifs géométriques et scènes narratives. La peinture est expressive, parfois hors des réserves. Le bleu‑et‑blanc devient dominant : bleu sur pâte blanche ou blanc sur pâte bleue (le plus courant). Les vases de Gao’an font figure d’archétype. Comparé aux périodes ultérieures, le bleu‑et‑blanc Yuan est souvent de très haute qualité.
Dynastie Ming (1368–1644)
Jingdezhen devient la capitale impériale de la porcelaine ; les pièces portent des marques de règne. Période d’innovations célèbres : doucai (couleurs coordonnées) et wucai (cinq couleurs). À la fin des Ming, l’orientation vers l’export et l’usage domestique s’accentue, et la qualité moyenne baisse : on observe des glaçures grises et des pieds non émaillés plus rugueux.
Dynastie Qing (1644–1912)
Apogée aux règnes Kangxi, Yongzheng et Qianlong. Jingdezhen demeure la référence, avec des recettes strictes et des normes sévères. Le bleu‑et‑blanc reste courant. La contribution majeure est l’essor des émaux opaques sur glaçure, autorisant des dégradés subtils — un signe distinctif des grandes porcelaines Qing.